Les chances de chasser ici était extrêmement minces, mais peu m'importe. Je ne suis pas à la recherche d'une proie, mais plutôt d'un peu de solitude, pour réfléchir. Je n'ai pas l'habitude de ressasser de cette façon les circonstances de mon réveil et l'histoire qui m’a été arrachée. C'est totalement inutile et par ce fait même je ne devrais pas me tourmenter avec cela. Mais les choses sont ce qu'elles sont et je ne peux pas ne pas tenter de comprendre. C'est simple. Inutile, stupide, mais simple.
Voilà pourquoi je me retrouve dans cette étendue de neige folle, entourer de ce sublime ballet aérien qui est le propre de la neige. Pour réfléchir sur ce qui était à la fois son passé, son présent et son avenir. Réfléchir sur le pourquoi, sur le comment et surtout sur le qui. Ce qui hantant mes nuits et mes jours depuis que son image aussi vague que familière m'est revenue. Trois mois pour songer à un souvenir qui n'en est pas un. Pour se rappeler. Mais se rappeler de quoi au juste ? D'un loup quelconque ? Rien ne prouve que cette vague silhouette est en lien avec ce qui m'est arrivé. Rien du tout. Si ça se trouve, c'est un de mes parents. Mais peu importe…
Soudain, un bruit sourd résonne à mes oreilles. Me retournant, je me retrouve face à face avec un troupeau de caribou qui n’était pas là un instant plus tôt. Prudente, je cède le terrain et m’éloigne discrètement. Seul, je n’ai aucune chance contre ces grands cervidés idiots. Avec un temps de retard, je me rends compte que je ne suis pas la seule ici avec les caribous. Comme je ne distingue pas clairement l’identité de celui ou celle qui me fait face à cause de la neige qui tombe, je reste sur mes gardes jusqu’à ce que ce petit mystère soit résolu.